Le Président Félix Tshisekedi a pris les choses en main ce lundi à la Cité de l’Union africaine en réunissant pendant plus de trois heures les principaux acteurs du secteur judiciaire. Cette rencontre intervient alors que des tensions se font sentir entre le ministre de la Justice, Constant Mutamba, et les magistrats. L’objectif affiché par le Président : améliorer le fonctionnement de la justice pour le bien de la population.
Autour de la table, on retrouvait le ministre de la Justice et les membres du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), dirigés par Dieudonné Kamuleta, Président du CSM et de la Cour Constitutionnelle. Les échanges ont porté sur plusieurs sujets sensibles liés à l’administration de la justice. Selon Kamuleta, le Chef de l’État a donné des « orientations et instructions précises » pour que la justice soit mieux administrée.
Cette réunion fait suite à des propos qui ont enflammé le secteur. Il y a quelques jours, le ministre Mutamba s’était montré très critique à l’égard des magistrats, les accusant d’envoyer des détenus en prison sans tenir compte des capacités d’accueil des établissements pénitentiaires. Ces déclarations n’ont pas manqué de faire réagir. Le Syndicat autonome des magistrats du Congo (SYNAMAC) a dénoncé ce qu’il appelle des « discours populistes et outrageants » du ministre, estimant que celui-ci rendait les magistrats responsables des dysfonctionnements du système judiciaire tout en évitant les problèmes de fond.
Le premier président de la Cour de cassation, Leon Ndomba, avait également exprimé son mécontentement face à ces accusations, sans nommer directement le ministre, lors de la rentrée judiciaire le 15 octobre dernier. Il avait dénoncé les discours qui « vilipendent » les magistrats, rappelant que leur sécurité est déjà fragile.
Le Président Tshisekedi a donc tenté de jouer les médiateurs dans ce climat tendu, tout en réaffirmant sa volonté de mener des réformes en profondeur dans le secteur de la justice. Une chose est sûre, la relation entre le ministre de la Justice et les magistrats reste un dossier brûlant à suivre de près.
PLACIDE LUKEKA