Justice et responsabilité en RDC | Amnesty club Kinshasa et la MONUSCO appellent à rompre le cycle de l’impunité

Plus de trois décennies de violences ont plongé la République démocratique du Congo dans une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent.

Des millions de civils ont été tués, déplacés ou victimes de graves violations des droits humains, souvent sans justice ni réparation. Face à cette situation, Amnesty International Club Kinshasa a organisé, le 10 octobre 2025, un atelier d’échange sur la justice et la responsabilité, en collaboration avec la MONUSCO, dans les locaux de la mission onusienne à Kinshasa.

Le coordonnateur d’Amnesty Club Kinshasa, Gaïs Londe, a rappelé que ce projet, soutenu par le bureau régional d’Amnesty International à Nairobi, vise à honorer les victimes de trois décennies de violences, en mettant un accent particulier sur les atrocités commises entre mars 1993 et juin 2003. Il a dénoncé le fait que certains présumés auteurs de crimes graves occupent aujourd’hui des postes de responsabilité au sein du gouvernement, ce qui rend difficile l’accès à la justice pour les victimes.

Il a ainsi plaidé pour la mise en place d’un mécanisme judiciaire mixte, composé de personnels nationaux et internationaux, capable de traiter les crimes les plus graves et d’assurer que les auteurs soient traduits en justice.

« L’impunité reste l’une des causes majeures de la poursuite des atrocités », a-t-il déclaré, appelant la communauté internationale à accompagner la RDC dans ce processus.

Prenant la parole à son tour, la représentante de la section genre de la MONUSCO, Mme Berinyuy Ndi Martina, a souligné que la paix durable passe par la vérité et la redevabilité. Elle a rappelé que les atrocités commises en RDC depuis plus de 30 ans ont laissé des millions de victimes et des communautés brisées.

« Là où règne l’impunité, la paix demeure fragile », a-t-elle insisté, citant le rapport Mapping des Nations Unies, qui documente les crimes les plus graves commis entre 1993 et 2003.

Pour la MONUSCO, la réponse à ces crimes doit être à la fois judiciaire et sociale :

« Les atrocités ne peuvent être effacées par le silence ni réparées par la seule compassion. Elles appellent une réponse claire et courageuse : celle de la justice », a-t-elle affirmé.

Elle a également souligné l’importance de réformer le système judiciaire congolais afin qu’il soit fort, indépendant et impartial.

La représentante a par ailleurs mis l’accent sur la place essentielle des femmes dans les processus de justice et de paix.

« Les femmes congolaises, premières victimes de violences en période de conflit, doivent aussi être au cœur des mécanismes de justice transitionnelle. Elles ne sont pas seulement des survivantes, mais des actrices de changement et de réconciliation », a-t-elle déclaré.

Elle a rappelé la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui reconnaît le rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, et salué l’adoption du troisième plan d’action national “Femme, Paix et Sécurité” par la RDC.

De son côté, l’intervenant Florybert Sezabo a appelé à un sursaut collectif, particulièrement de la part des jeunes. Selon lui, les nombreux ateliers et conférences organisés n’auront d’impact que si leurs conclusions sont effectivement mises en œuvre. « On ne peut pas continuer à organiser des rencontres sans solutions concrètes. La jeunesse doit se lever, réfléchir et agir », a-t-il martelé. Il a également rappelé l’ampleur des souffrances subies par les femmes, les enfants et les familles dans les zones de conflit, soulignant l’urgence d’agir pour mettre fin à cette tragédie humaine.

Par ailleurs, Joseph Akilimali a rappelé l’existence d’un cadre juridique, tant au niveau national qu’international, garantissant la participation active de la jeunesse dans les processus de justice et de gouvernance.

De son côté, Raphaël Wakenge est revenu sur le rapport Mapping, soulignant les difficultés persistantes liées à la non-divulgation de la liste des présumés auteurs des crimes documentés, ce qui freine les efforts de justice et de réparation.

Cet atelier a permis de réaffirmer l’importance d’une justice indépendante et équitable, condition essentielle pour bâtir une paix durable en République démocratique du Congo. Les participants ont unanimement appelé à une mobilisation collective des institutions nationales, de la société civile et de la communauté internationale afin de rompre le cycle de l’impunité et de rendre enfin justice aux victimes.

Ada

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