Face à l’offensive russe, l’armée ukrainienne se replie à Koursk

L’élan ukrainien sur le sol russe aura duré sept mois. Ce mercredi, le commandant en chef des forces armées de Kiev, Oleksandre Syrsky, a confirmé ce que les cartes laissaient déjà deviner : face à la pression des troupes de Moscou, l’armée ukrainienne se replie dans la région de Koursk. Un tournant dans une campagne lancée en août 2024, qui, à son apogée, avait vu Kiev contrôler plusieurs centaines de kilomètres carrés en territoire russe.

C’était une première depuis la Seconde Guerre mondiale : le 6 août dernier, l’armée ukrainienne passait la frontière et s’enfonçait dans l’oblast de Koursk, portant la guerre sur le sol de l’envahisseur. Une audace militaire qui avait surpris Moscou et suscité un enthousiasme prudent chez les alliés occidentaux. En quelques semaines, Kiev revendiquait la prise de plusieurs localités et une avancée fulgurante.

Mais l’euphorie n’a pas duré. Dès septembre, la machine de guerre russe, initialement prise de court, s’est réorganisée. Contre-offensives méthodiques, bombardements intensifs, guerre d’usure : à mesure que l’automne avançait, la poche ukrainienne s’est réduite. De 1 200 km² en août, elle n’en faisait plus que 288 km² début mars, selon le site Deep State. Désormais, elle se résume à la seule ville de Soudja, reliée au territoire ukrainien par une route unique, sous le feu constant de l’artillerie russe.

« Dans la situation la plus difficile, ma priorité a été et reste de sauver la vie des soldats ukrainiens », a justifié Syrsky, dans une déclaration qui sonne comme un aveu de retrait.

L’état-major ukrainien assure que la situation est « sous contrôle » et que des renforts sont envoyés, mais les images en provenance du front montrent un scénario bien plus chaotique.

Dernier coup porté à l’opération ukrainienne : un assaut russe spectaculaire ce week-end. À en croire Moscou, quelque 800 soldats se seraient infiltrés derrière les lignes de Kiev en utilisant un gazoduc désaffecté comme tunnel. La chaîne russe Pervy Kanal a diffusé des images de militaires courbés sous des tonnes de boue, surgissant par surprise à l’arrière des positions ukrainiennes.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent des soldats ukrainiens capturés, certains hagards, d’autres blessés. De quoi nourrir la propagande du Kremlin, qui parle d’une « débandade ».

Si la propagande russe exagère sans doute les pertes ukrainiennes, l’échec de l’offensive de Koursk pose une question capitale : fallait-il s’y engager ? Officiellement, l’opération visait à soulager la pression sur le Donbass et à forcer Moscou à détourner des troupes du front principal. Mais à mesure que la contre-offensive russe s’intensifie, Kiev se retrouve face à un dilemme : continuer à se battre dans un saillant de plus en plus exposé ou se résoudre à une retraite complète ?

En attendant, les Russes avancent. Mardi soir, les correspondants militaires du Kremlin annonçaient être « aux portes de Soudja ». Un militaire ukrainien, cité par l’AFP, décrivait quant à lui une situation chaotique :

« Les Russes se sont dispersés dans la zone, bloquent des routes, font sauter des ponts… ».

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