Une directive émanant du premier président de la Cour de cassation en République démocratique du Congo a ordonné la libération des détenus « sans dossier » à la prison centrale de Makala à Kinshasa, dans le cadre des efforts visant à remédier à la surpopulation carcérale et à accélérer les procédures judiciaires.
Lors d’une réunion cruciale tenue lundi, le premier président de la Cour de cassation, Léon Ndomba Kabeya, a enjoint aux magistrats présents de procéder à la libération des individus détenus sans dossier, ainsi que de réévaluer les cas où des personnes sont maintenues en détention malgré des retards prolongés dans le traitement de leur affaire.
« Nous allons libérer toutes les personnes en détention sans dossier et qui se sont retrouvées en prison par hasard. Si ce genre de situation existe, on va demander au parquet de les libérer », a déclaré le premier président, soulignant l’importance de corriger les erreurs et les injustices qui pourraient avoir conduit à des détentions arbitraires.
Léon Ndomba Kabeya a également mis en lumière les cas où des individus ont été incarcérés pour des délits mineurs et ont purgé des peines excessives, exhortant les magistrats à accélérer les procédures pour garantir une justice rapide et équitable.
« Ce n’est pas normal que pour un dossier de vol de poule, quelqu’un puisse faire 5 ans ici, au-delà de la période qu’il pouvait purger sa peine s’il était déjà condamné », a-t-il souligné, appelant à une révision minutieuse de chaque cas.
La surpopulation carcérale, une conséquence de la croissance démographique de Kinshasa, a été également abordée lors de la réunion. Le premier président a souligné l’impact de l’expansion de la ville sur le système pénitentiaire, notant que la population de Kinshasa a considérablement augmenté depuis la construction de la prison en 1957, aggravant ainsi les défis liés à la gestion des détenus.
« La capitale congolaise de 1957 n’est pas celle d’aujourd’hui qui a plus de 10 millions d’habitants. Le phénomène kuluna qui n’existait pas à l’époque est là. La criminalité a fortement augmenté aussi », a-t-il expliqué, mettant en évidence l’évolution des défis sécuritaires auxquels est confrontée la ville.
Cette directive intervient après une interpellation du Chef de l’État lors du dernier conseil des ministres, où la ministre d’État en charge de la Justice a été interpellée sur la situation carcérale à Makala. Construite pour accueillir 1 500 personnes en 1957, la prison centrale de Makala est confrontée à une surpopulation croissante, nécessitant des mesures urgentes pour réformer le système pénitentiaire et garantir le respect des droits fondamentaux des détenus.
Placide Lukeka