En 1998, 1 $ valait 2,4 Fc, en 2006, 1 $ = 500 Fc et en 2018, 1 $ = 1675 Fc : pourquoi le Franc congolais perd-il sa valeur depuis 25 ans ?

Alors que 2025 débute, la question du franc congolais (FC) face au dollar américain reste plus pressante que jamais. Depuis l’entrée en fonction de Joseph Kabila en 2001, suivie par Félix Tshisekedi en 2019, la monnaie nationale a connu une dévaluation constante, révélatrice de défis économiques profonds.

En 1997, Laurent-Désiré Kabila renverse Mobutu et remplace le Zaïre par le franc congolais comme monnaie nationale. L’objectif était de redresser une économie laminée par des décennies de mauvaise gestion et de corruption. Pourtant, entre 1998 et 2000, le franc congolais passe de 2,4 FC pour 1 USD à 50 FC, une chute brutale due à l’instabilité politique et au manque de réformes structurelles.

En 2001, Joseph Kabila hérite d’une économie déjà fragilisée. Dès son arrivée, le franc congolais s’échange à 311,6 FC pour 1 USD. Pendant ses 18 années au pouvoir, la monnaie ne cesse de se déprécier, atteignant 1 USD = 1675 FC en 2018. Cette tendance reflète des faiblesses persistantes :

1. Dépendance à l’importation : La RDC importe la majorité de ses produits essentiels, créant une forte demande de dollars.

2. Inflation : La Banque centrale du Congo (BCC) peine à contrôler une inflation souvent alimentée par des déficits budgétaires non maîtrisés.

3. Absence de diversification économique : L’économie reste dominée par l’exploitation minière, exposant le pays aux fluctuations des prix des matières premières.

Malgré quelques périodes de stabilisation relative (par exemple, entre 2011 et 2015), aucune réforme profonde n’a été mise en œuvre pour renforcer durablement la monnaie.

Lorsque Félix Tshisekedi accède au pouvoir en 2019, le franc congolais est à 1672 FC pour 1 USD. Son mandat suscite beaucoup d’espoir, notamment grâce à ses promesses de transparence et de lutte contre la corruption. Cependant, de 2019 à 2024, la monnaie passe de 1672 FC à 2800 FC pour 1 USD.

Plusieurs facteurs expliquent cette poursuite de la dévaluation sous Tshisekedi :

– Instabilité politique : L’absence d’une coalition politique solide dans ses premières années a ralenti les réformes économiques.

– Crise sanitaire et mondiale : La pandémie de COVID-19 (2020-2021) a amplifié la pression sur l’économie congolaise, augmentant les déficits et affaiblissant la monnaie.

– Inaction structurelle : Les promesses de diversification économique et de lutte contre la corruption peinent à se traduire en résultats concrets.

Quelles solutions ?

Avec un taux de change à 2800 FC pour 1 USD en 2024, la question de la stabilisation monétaire est moins qu’il n’y paraît capitale pour l’année 2025. Les défis sont nombreux :

1. Réformes fiscales et monétaires : La BCC doit renforcer ses capacités pour contrôler l’inflation et réduire la dépendance à l’importation.

2. Investissements dans la production locale : Stimuler l’agriculture et l’industrie manufacturière pour réduire les importations de biens essentiels.

3. Lutte contre la corruption : Réduire les fuites de capitaux qui affaiblissent la confiance dans l’économie nationale.

Félix Tshisekedi, désormais dans une position plus stable politiquement, pourrait-il inverser la tendance en 2025 ? Rien n’est moins sûr, mais le temps presse. La population congolaise, déjà confrontée à une précarité croissante, attend des actions concrètes pour enrayer la spirale de dévaluation qui dure depuis près de 25 ans.

Pour certains chercheurs en économie, la chute du franc congolais est le symptôme d’un problème plus large : l’absence de vision économique à long terme depuis des décennies. C’est aux dirigeants actuels de prendre des mesures décisives, car la monnaie nationale risque de continuer à plonger, ce qui va augmenter la pauvreté et l’inégalité dans un pays pourtant riche en ressources naturelles.

 

LUKEKA KALUME

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