
À l’occasion des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles, les ONG Femme Acacia et Amour Plus ont choisi le village de Luandanda, situé à 27 Km de Kananga dans le Kasaï Central, pour organiser un dialogue communautaire. Ces organisations, engagées dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), ont décidé d’adopter cette méthode pour toucher efficacement la population.
« Nous avons d’abord commencé par écouter la communauté au travers un questionnaire qu’on avait mis en place après avoir bénéficié de l’accompagnement de la police des protection de l’enfant et de lutte contre les violences basées sur le genre », explique Merveille Nsangi Loola, coordinatrice d’Amour Plus. Pour ces ONG, intervenir ici était donc une priorité.


Selon la coordinatrice de Femme-Acacia, la sensibilisation classique ne suffit pas toujours :
« À l’issue de ce dialogue, les membres de la communauté de Luandanda ont énuméré délibérément plusieurs cérémonies qui sont soumises à la femme indépendamment de sa volonté. Il s’agit de : Levirat : c’est le mariage par héritage de la veuve par un frère du défunt afin de poursuivre la lignée de sa famille. Cette pratique est souvent précédée par les relations sexuelles forcées par un membre de la famille du défunt , pour cause de purification afin d’éviter des conséquences néfastes , selon les membres des communautés. À côté de Levirat, il y a le détournement de l’héritage de la femme et la maltraitance de la veuve lors des funérailles du mari, c’est-à-dire interdiction de se laver, de manger etc sans avoir payé des amandes à la famille du défunt. En même temps elle reçoit des coups et blessures pour des raisons purement traditionnelles. Les avantages et les inconvénients de ces pratiques ont été un sujet de discussion au cours de ce dialogue. Pour finir, nous avons conclu que ces rites sont des pratiques traditionnelles néfastes et sont des formes de violences basées sur le genre, car elles entraînent une limitation des Droits à la femme et lui causent des souffrances physiques, sexuelles, psychologiques, et socio-économiques, a indiqué Dr Marleine Ndelela qui poursuit pour conclure que le plus grand inconvénient est que ces pratiques constituent une voie par laquelle les maladies sexuellement transmissibles, telles que le VIH/SIDA se propagent dans notre communauté », a-t-elle déclaré.


La deuxième thématique, abordée par Merveille Nsangi Loola, portait sur les conséquences du mariage d’enfants.
« Nous avons relevé quelques conséquences de mariage d’enfant parce que généralement elles sont forcées à être prises en mariage non par leur volonté mais à cause des parents qui les y forcent, raison pour laquelle, nous avons appelé les parents, surtout les hommes qui décident à laisser les filles étudier et devenir des femmes responsables à l’instar de celles qui occupent de grandes responsabilités telle que Judith Suminwa, Première Ministre », a déclaré avec conviction Merveilles Loola Nsangi.
Le chef coutumier de Luandanda a apporté son soutien total à cette initiative et a demandé à ses sujets de suivre les nouvelles instructions. Il a également encouragé les ONG à pérenniser ces dialogues dans le village.


Pour Femme Acacia et Amour Plus, ce dialogue n’est qu’un début. Elles promettent de continuer leur campagne de sensibilisation et de mobilisation communautaire.
« Nous travaillons pour un monde sans violences », ont-elles conclu.
FREDDY MILLIONS MBWEBWE