
À Antananarivo, la tension reste vive ce dimanche 12 octobre, au lendemain d’une journée de confusion marquée par la mutinerie d’une partie de l’armée. Le président Andry Rajoelina a dénoncé une « tentative de prise du pouvoir illégale et par la force », tandis que le Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT) affirme désormais « contrôler les forces armées ».
Dans une déclaration vidéo diffusée tôt ce dimanche, des officiers du CAPSAT ont annoncé que « tous les ordres de l’armée malgache émaneront désormais du quartier général du CAPSAT ». Cette base, située en périphérie d’Antananarivo, avait déjà joué un rôle décisif dans la chute du président Marc Ravalomanana en 2009, ouvrant la voie à l’arrivée au pouvoir d’un certain… Andry Rajoelina.
Le scénario semble aujourd’hui se répéter, mais dans un contexte radicalement différent : une population épuisée par les coupures d’eau et d’électricité, une contestation née sur les réseaux sociaux et un pouvoir fragilisé par des semaines de manifestations.
Face à la mutinerie, la présidence malgache a tenu à couper court aux rumeurs de fuite.
« Le président reste dans le pays et continue de gérer les affaires nationales », a-t-elle affirmé samedi soir.

Dimanche matin, un nouveau communiqué a évoqué une « tentative de déstabilisation » orchestrée selon Rajoelina par des « forces internes et externes » décidées à diviser la nation.
Le Premier ministre, le général Ruphin Zafisambo, a pour sa part appelé au dialogue, estimant que « Madagascar ne pourra pas résister à d’autres crises si la division persiste ».
Ce samedi, des milliers de Malgaches s’étaient rassemblés sur la place du 13-Mai, symbole des luttes politiques du pays. Ce qui n’était au départ qu’une manifestation contre les coupures d’eau et d’électricité s’est mué en contestation politique ouverte contre le chef de l’État.
À la mi-journée, le CAPSAT a rejoint le mouvement, appelant les autres unités à « refuser les ordres ». Les mutins ont ensuite convergé vers le centre-ville d’Antananarivo, sans rencontrer de résistance notable. Des tirs sporadiques ont toutefois été entendus dans la soirée, selon plusieurs témoins.
Ce dimanche, alors qu’un nouvel appel à manifester a été lancé et qu’une cérémonie de funérailles d’un soldat tué la veille se tient dans la capitale, la situation reste bloquée. L’armée semble divisée, la présidence tente de rassurer, et les rues d’Antananarivo bruissent d’une même question : le pouvoir de Rajoelina vacille-t-il ?
LUKEKA KALUME