Il s’appelle Noël parce que né le 25 décembre

Né le 25 décembre 1965 à Moliambo dans l’actuelle province du Kwilu, le petit garçon va être nommé par ses parents Noël Ngiama Makanda. Fils de Théo Musoko et d’Albertine Mukala, celui qui se fera appeler plus tard » Werrason » est le frère cadet du grand et talentueux chanteur chrétien frère Patrice Ngoy Musoko. Contrairement à son grand-frére, Werrason va se lancer dans la musique dite mondaine. Mais en écoutant la chanson » Surprise Kapangala « , qui nous intéresse aujourd’hui, on se rend compte que la frontière est difficile à tracer entre la musique chrétienne et celle dite mondaine.
La révolution Wenge musica

Werrason sera l’un des cerveaux-moteurs du groupe mythique » Wenge-musica « . Ce groupe va révolutionner la musique congolaise en créant une symbiose des styles de Zaiko Langa-langa, Viva la musica et Victoria Eleison. Ce nouveau style Wenge musica continue d’impacter, depuis une trentaine d’années, la musique congolaise contemporaine.
En attendant la publication de la notice biographique plus élaborée de Noël Ngiama alias Werrason, nous aimerions partager avec vous les paroles d’une grande profondeur de la chanson » Surprise Kapangala » de ce très grand artiste-musicien congolais.
La structure des « Dix commandements »

Dans la forme de cette chanson, Werrason, cet ancien choriste de la CBCO/Bandal ( Communauté Baptiste au Congo, l’une des composantes de l’Église Protestante), va structurer l’extrait de son œuvre que nous publions, en deux parties comme les dix commandements de Dieu (Exode 20:3-17). En effet, la première partie des dix commandements parle des relations entre l’homme et Dieu; et la seconde partie, des relations entre l’homme et ses semblables.
L’influence de la théologie protestante

Werrason va structurer sa chanson de la même manière. Dans la première strophe, il s’adresse à Dieu en démontrant en quoi il est bon et juste. Dans la deuxième strophe, il interpelle ses semblables et les encourage à se battre dans la vie.
Il faut noter que Werrason est resté marqué par la théologie protestante qui affirme que c’est le travail qui annoblit l’homme. Et que chacun de nous a, au moins, un talent qu’il doit faire fructifier. On remarquera que ce thème du travail, de l’effort, de la lutte dans la vie, revient souvent dans les chansons de cet artiste-musicien.
La culture de l’effort contre la culture de la chance

Ce qui met Werrason en opposition avec la philosophie du » moindre effort » qui règne actuellement au sein de la société congolaise et qu’on qualifie couramment de » chance eloko pamba « . Cette philosophie trompeuse consiste à croire qu’on n’est pas obligé de travailler dur, de fournir un effort pour réussir dans la vie; on peut y arriver simplement en ayant de la chance.
Dans sa chanson, Werrason nous démontre en quoi ceux qui pensent ça se trompent.
Une prière dansante

Dans la chanson » Surprise Kapangala « , ces paroles de prière sont chantées par Werrason, après une brève introduction de JB Mpiana, sur une musique dansante au rythme soutenu.
Voici l’extrait de la chanson et sa traduction en français :
1° » Nzambe Tata, yo Mokonzi !
O souhaiter moto te mabe na mokili.
Opesa privilège na moto nionso aluka, akozua
Okaba ba dons pe ba chances na moto nionso awa o se. »
2° » Quitte à yo moto osala effort po obima lobi nzela
Lelo tozali na désert te oyo Dieu asopaka ba mannes
Lelo ekoma tangu ya motoki etangi nde lifuta
Mosolo ezali monganga, yango ekoluka moto te
Moto nde akoluka mosolo po abikela »
Traduction

1° » Dieu le Père, c’est toi le Souverain
Tu ne souhaites le malheur de personne dans le monde
Tu as donné à chacun le privilège de chercher ; et il trouvera
Tu as distribué à tous des dons (talents) et des opportunités sur cette terre. »
2° » Quitte à toi, homme, de fournir un effort pour t’en sortir.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans le désert où Dieu a fait tomber la manne.
Aujourd’hui, nous sommes dans l’époque où tu dois transpirer pour obtenir des dividendes.
L’argent est comme le médecin, il ne cherche personne.
C’est l’homme qui doit le chercher pour s’en sortir »
A suivre !
Par Thomas Luhaka Losendjola