
L’État resserre l’étau. Dans un télégramme sec, adressé aux gouverneurs des 26 provinces, Jacquemain Shabani Lukoo, vice-Premier Ministre, Ministre en charge de l’Intérieur, somme les exécutifs locaux d’appliquer « toute affaire cessante » la suspension des activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). La formation politique de Joseph Kabila, ex-Président devenu sénateur à vie, est désormais dans le viseur du pouvoir. Accusation : collusion avec le M23, groupe rebelle soutenu par le Rwanda.
Le décret de suspension, signé le 19 avril, est ferme. Le gouvernement Suminwa ne se contente plus de sous-entendus : il frappe, frontalement. Le patron du renseignement national évoque un « activisme avéré » de l’autorité morale du PPRD dans la guerre d’agression menée par le Rwanda. Plus qu’un simple différend politique, c’est une mise en accusation implicite d’un ancien Chef de l’État pour trahison en temps de guerre.
Silence coupable, allégeance douteuse, retour suspect à Goma — ville alors sous contrôle des forces déloyales du M23/AFC — Joseph Kabila est décrit comme un homme qui « choisit son camp » sans le dire. Son mutisme face à l’occupation d’une partie du territoire national devient, dans le communiqué officiel, une preuve de connivence. L’affaire ne s’arrête pas là : le ministère de l’Intérieur prévoit de saisir la Cour constitutionnelle. Le Parquet, lui, pourrait être saisi « dans les plus brefs délais ».
Depuis plusieurs mois, Kinshasa nourrit la rhétorique de guerre : celle de la souveraineté bafouée par des ennemis extérieurs et des alliés intérieurs en rupture de loyauté. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a d’ailleurs ouvert une instruction contre Joseph Kabila, renforçant l’idée d’un processus judiciaire enclenché.