Un silence grave, un moment suspendu dans la matinée kinoise. Ce mardi 22 avril, au lendemain de l’annonce de la mort du pape François, Félix Tshisekedi s’est rendu à la nonciature apostolique de Kinshasa.
Un geste de Chef d’État, mais aussi un signe de fidélité. L’homme fort de la RDC est venu dire sa peine, écrire quelques lignes, et honorer celui qui, en février 2023, avait traversé les foules congolaises tel un apôtre en mission : « Retirez vos mains de l’Afrique. » Un cri qui résonne encore.
Le Président a été accueilli par le nonce apostolique, Monseigneur Mitja Leskovar. Ensemble, ils ont évoqué les rites à venir – funérailles romaines, conclave, 267e pape à désigner – et cette visite papale restée dans les mémoires. À Kinshasa, les images de François, affaibli mais debout, parlant d’un « génocide oublié » dans l’Est du pays, n’ont jamais quitté les écrans ni les cœurs.
Dans le registre de condoléances, Tshisekedi a rédigé un hommage solennel. Il y décrit un « pasteur d’une humanité rare », loue « l’amour, l’humilité et l’espérance » du pontife argentin, né Jorge Mario Bergoglio, mort à Rome à 88 ans. L’émotion est palpable, le souvenir intact. « Le peuple congolais n’oubliera jamais sa visite », a-t-il écrit, dans un style présidentiel habité, presque liturgique.
Le pape François et Félix Tshisekedi s’étaient déjà croisés deux fois au Vatican : d’abord en octobre 2019, pour la création du cardinal Ambongo ; puis en janvier 2020, en visite officielle. C’est alors que l’invitation fut lancée. Trois ans plus tard, elle devient un legs. Une mémoire commune entre un continent en quête de justice et un pape qui avait fait de la fraternité son combat.
Dans une RDC majoritairement catholique, l’émotion est à la mesure de l’événement. Le président, en se rendant à la nonciature, n’a pas seulement honoré un défunt. Il a salué un frère, un guide spirituel, et un allié politique dans un monde qu’ils voulaient, chacun à leur manière, plus juste.
LUKEKA KALUME