À Goma, trouver un emploi est un véritable parcours du combattant, même pour ceux qui ont un diplôme en poche. Cette ville, située dans la partie est du pays, au Nord-Kivu, fait face à une multitude de défis socio-économiques, particulièrement pour les jeunes.
Boris Matabaro, un jeune entrepreneur qui a tenté de s’intégrer dans le marché du travail formel, en témoigne :
« Le marché du travail à Goma est saturé. Que ce soit dans les ONG ou les établissements étatiques, décrocher un emploi est presque impossible, même avec un diplôme universitaire ».
Diplômé en sciences politiques et administratives, Boris a postulé à de nombreuses offres, dans l’administration publique et les ONG, sans succès.
« J’ai fini par comprendre que le secteur formel est verrouillé. Il y a le favoritisme, le népotisme et la fermeture des entreprises qui réduisent considérablement les opportunités d’emploi. Alors, j’ai pris une décision : créer mon propre emploi. »
Boris, interrogé par l’ACP, a ouvert un salon de coiffure et une maison d’édition pour subvenir à ses besoins.
« Ce n’est pas l’idéal, mais ça me permet au moins de payer mon loyer et de me nourrir ».
Pour de nombreux jeunes à Goma, cette situation pousse vers le secteur informel. Les petits commerces, les services artisanaux et les activités agricoles de subsistance deviennent la principale source de revenus. Cependant, ce secteur, bien que vital, offre des emplois précaires et mal rémunérés.
Face à cette dure réalité, certains sombrent dans le désespoir et l’alcoolisme.
« Tous ces jeunes que l’on voit dans les boutiques, en train de boire de l’alcool toute la journée, je les interpelle. Il est temps pour eux de se ressaisir et de chercher une activité qui pourra les soutenir », conseille Boris.
Le contexte socio-économique de Goma, amplifié par des conflits armés et une instabilité régionale, rend la tâche encore plus difficile pour les jeunes diplômés. Mais, pour Boris et d’autres comme lui, la solution réside peut-être dans l’auto-entrepreneuriat, même si les obstacles restent nombreux.
« Ce n’est pas facile, mais je préfère créer quelque chose de mes mains plutôt que d’attendre un emploi qui ne viendra peut-être jamais », conclut-il.
PLACIDE LUKEKA