
La ville de Kananga, au Kasaï Central, risque de s’effriter. Sous les assauts répétés des pluies diluviennes, la ville cède, ravinée, emportée, engloutie. Au quartier Kamupongo, un monstre s’est réveillé : une gigantesque érosion qui dévore tout sur son passage. À commencer par les rails du chemin de fer. Bientôt, ce sera l’aéroport national de Lungando.
Sur place, les habitants regardent, impuissants.
« Nous ne savons plus à quel saint nous vouer », confie un père de famille, les yeux rivés sur le précipice qui grignote son quartier.
« Que fait le gouvernement provincial ? Où est le gouvernement central ? »


Merci Innocent Bakadi, défenseur des droits publics et humains, dénonce une inertie criminelle.
« Les autorités savaient. Dès l’apparition de cette érosion, il fallait agir. Aujourd’hui, elle est gigantesque, elle menace des infrastructures vitales et elles continuent de se taire. C’est déplorable ».
Ce n’est pourtant pas la première alerte. Kananga regorge de chantiers inachevés, témoins silencieux d’une volonté politique aux abonnés absents.
« Nous sommes en train d’assister à la disparition du chemin de fer sous les yeux des dirigeants. Après, ce sera l’aéroport. Et ensuite ? Que restera-t-il de cette ville ? », s’indigne Bakadi.

Les femmes du quartier, elles, pointent du doigt la gestion des travaux d’urgence confiés à la société Saffrimex.
« Comment comprendre que, face à un désastre pareil, on ne mobilise qu’une poignée d’ouvriers ? », interroge une habitante, révoltée.


Pendant ce temps, la pluie menace de revenir. Encore une ou deux averses, et Kamupongo risque d’être rayé de la carte.
FREDDY MILLIONS MBWEBWE