
Alors que certaines ONG, dont Rainforest UK et APEM, appellent à un moratoire sur le processus REDD+ en République démocratique du Congo, les populations du territoire d’Inongo dressent un bilan plus nuancé.
Dans plusieurs villages du Maï-Ndombe, les communautés locales et autochtones affirment constater des impacts concrets du projet mis en œuvre par Era Congo, filiale de Wild Works Carbon (WWC).
À Kesenge, une école moderne construite par Era Congo accueille aujourd’hui 120 élèves issus de plusieurs villages voisins. L’établissement, équipé de panneaux solaires et de bancs neufs, remplace un ancien bâtiment de fortune.
« Avant, nous enseignions dans des locaux fabriqués par nous-mêmes. Era Congo nous a aidés à construire une vraie école », explique Felly Mbanda, préfet des études.
L’engouement des parents a entraîné une hausse de la scolarisation, même si le besoin en matériel scolaire, machines de couture et ordinateurs se fait encore sentir.
Près de l’école, un forage solaire assure l’accès à l’eau potable, tandis qu’un marché communautaire construit avec l’appui du Comité local de développement (CLD) soutenu par Era Congo dynamise l’économie locale.
À Ibali, un hôpital moderne fonctionne depuis plusieurs années et prend en charge gratuitement plus de 250 patients par mois. L’infrastructure, érigée à la suite d’un processus de consentement libre et informé, comprend les services essentiels : pédiatrie, médecine interne, maternité et chirurgie.
« Avant, nous devions traverser le lac pour atteindre Inongo. Certains malades mouraient en route. Aujourd’hui, nous avons des soins ici même », confie Nzako Iseka, membre du CLD d’Ibali.
En 2024, Era Congo a financé les frais d’examen d’État pour 1 798 élèves, soit une hausse de 19 % par rapport à l’année précédente. L’entreprise soutient également plus de 1 200 enseignants dans 130 écoles et a distribué des uniformes à des milliers d’élèves.

Sur le plan sanitaire, deux centres de santé ont été construits à Ibali et Bamboka, et des cliniques mobiles interviennent lors d’épidémies de rougeole ou de monkeypox. À Kesenge, une campagne de vaccination a permis de sauver plus de 800 enfants, réduisant la mortalité de 2 %.
Contrairement aux accusations de restriction d’accès à la forêt, les communautés interrogées évoquent une liberté d’exploitation et un accompagnement économique. À Ntuku, Era Congo a bâti une école et un forage à la demande des habitants.
À Loombe, les paysans témoignent d’un changement notable. « Era Congo nous a fourni des boutures de manioc pour éviter d’abattre de nouveaux arbres. Nous avons aussi reçu des porcheries, une palmeraie et des étangs », raconte Isesu Antoine, habitant du village.
Pour Bruno Ilunga, directeur d’Era Congo, la réussite du projet dépend avant tout de la gestion communautaire :
« Les populations doivent entretenir et utiliser de manière responsable les infrastructures construites. Nous restons disponibles pour les accompagner, mais la durabilité repose sur leur implication. »
LUKEKA KALUME