À la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, organisée à Paris, le président congolais Félix Tshisekedi a présenté une stratégie ambitieuse de sortie de crise. Son objectif : reconstruire le Nord-Kivu et le Sud-Kivu dès la fin des hostilités, tout en engageant la responsabilité des auteurs de crimes et en misant sur l’intégration économique régionale.
Réunis à Paris jeudi 30 octobre 2025, la France, le Togo et plusieurs partenaires internationaux ont accueilli la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs. La République démocratique du Congo y a pris une part active, son président, Félix Tshisekedi, présentant une feuille de route post-conflit pour relancer la vie économique et sociale dans l’Est du pays, ravagé par plus de deux décennies de guerre.
Au centre de cette vision, un plan de reconstruction chiffré à 5 milliards de dollars américains, destiné à remettre sur pied les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dès la fin des combats. Tshisekedi a décrit ce programme comme un « pacte national et international », réunissant les efforts du gouvernement congolais, de ses partenaires bilatéraux et multilatéraux, ainsi que du secteur privé.
« Ce plan vise à rouvrir les écoles, réhabiliter les routes et les centres de santé, restaurer les services sociaux essentiels et garantir le retour digne des déplacés », a-t-il déclaré. L’objectif : mobiliser ces fonds à l’horizon 2026 pour poser les bases d’un développement durable dans les zones affectées.
Le chef de l’État congolais a également insisté sur la protection des populations vulnérables et la poursuite des responsables des crimes commis dans les territoires occupés par la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda.
Il a annoncé un renforcement du cadre juridique national à travers l’intégration de la Convention de Kampala et l’adoption prochaine d’une loi sur le financement de l’action humanitaire et la gestion des risques de catastrophes.
« Les survivantes de violences sexuelles seront reconnues comme victimes de guerre, accompagnées et réparées. La redevabilité est une exigence fondamentale de la paix durable », a-t-il insisté.
Dans une approche plus large, Félix Tshisekedi a appelé à transformer la crise actuelle en levier de stabilité régionale. Pour lui, la paix dans les Grands Lacs ne pourra être durable que si la région opte pour l’intégration économique et la prospérité partagée.
« L’avenir de la région ne peut pas reposer sur les trafics illégaux d’or, de coltan ou de cobalt, mais sur une coopération économique formelle et des infrastructures interconnectées », a-t-il plaidé, soulignant la nécessité de créer de la valeur ajoutée sur le continent.
Organisée par la France, en coordination avec le Togo, médiateur de l’Union africaine sur les Grands Lacs, la conférence a réuni plusieurs partenaires régionaux et internationaux.
Elle visait à mobiliser la communauté internationale face à l’urgence humanitaire dans l’Est de la RDC et à soutenir les efforts diplomatiques menés notamment par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine.
Selon Paris, la rencontre a permis de « renforcer la coordination des initiatives régionales » et de réaffirmer l’engagement collectif pour la paix et le développement dans une région stratégique, encore déstabilisée par les conflits armés.
LUKEKA KALUME