
Rien ne va plus à l’Assemblée provinciale du Kasaï Central. Dix-huit députés, se disant majoritaires, contestent la légitimité du bureau d’âge, validé par le Vice-premier ministre de l’Intérieur, et appellent le chef de l’État à intervenir.
La tempête politique qui secoue l’Assemblée provinciale du Kasaï Central ne faiblit pas. Malgré l’arbitrage du Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, en faveur du bureau d’âge, une fronde parlementaire remet en cause la régularité du processus ayant conduit à l’installation de cette nouvelle équipe dirigeante.
Dans une correspondance adressée au ministre, dix-huit des trente-quatre députés provinciaux — qui revendiquent la majorité au sein de l’hémicycle — dénoncent une série « d’irrégularités » ayant entaché, selon eux, la procédure. Ils évoquent notamment la participation de deux députés de l’UDPS, Amandus Katanga et Willy Wishiye, dont les mandats avaient été invalidés par le bureau sortant dirigé par Daniel Lukusa. À cela s’ajouteraient, d’après les signataires, une absence de quorum lors de la plénière d’installation et la désignation d’un président du bureau d’âge ne remplissant pas les critères requis par le règlement intérieur.
Dans un climat politique déjà tendu, ces parlementaires contestataires ne se contentent plus de contester l’autorité du ministère de l’Intérieur. Ils sollicitent désormais l’arbitrage du chef de l’État, Félix Tshisekedi, et de la Première ministre, Judith Suminwa, appelant à « garantir la stabilité politique et institutionnelle » dans la province.
La crise a débuté à la suite de la destitution du bureau Lukusa, remplacé par un bureau d’âge dont la légitimité continue de diviser l’Assemblée. Afin de mettre un terme à la crise, Jacquemain Shabani avait convoqué les deux parties à Kinshasa pour une médiation. Mais sa décision, loin de calmer les tensions, semble avoir ravivé les lignes de fracture.
La lutte pour le contrôle de l’Assemblée provinciale dépasse les simples querelles procédurales. En toile de fond, ce bras de fer pourrait refléter des rivalités politiques plus larges, au sein même de la majorité présidentielle. Dans une province marquée par une instabilité chronique depuis plusieurs années, la bataille institutionnelle pourrait rapidement se transformer en impasse politique.
Le gouvernement central est désormais confronté à un dilemme : maintenir sa position ou rouvrir le dossier, au risque d’encourager d’autres contestations institutionnelles dans les provinces. Une chose est sûre : au Kasaï Central, la guerre pour le perchoir est loin d’être terminée.
ANDRÉ KATENDE