
À Uvira, l’alerte est donnée. La consommation de boissons fortement alcoolisées explose parmi les jeunes, aggravant les troubles mentaux et les dérives comportementales. Un fléau alimenté par la crise sécuritaire et humanitaire, dans l’indifférence générale.
« Les jeunes s’exposent aux maladies mentales. Ceux qui consomment ces alcools souffrent de troubles cognitifs et comportementaux, de confusions sévères. Certains ne peuvent plus travailler, d’autres tombent gravement malades, certains en meurent », prévient Prince Bumba Safari, psychologue clinicien à l’Action Chrétienne pour l’Aide et le Développement (ACAD).
Dans la province du Sud-Kivu, où la guerre fait rage et l’économie vacille, l’alcool bon marché s’impose comme l’échappatoire d’une jeunesse désœuvrée. Le Sapilo, le Buka Mbeto, le Kaleoleo ou encore le Vin Chargeur, des breuvages artisanaux aussi rudimentaires que dangereux, se négocient à 1 000 ou 2 000 francs congolais la bouteille.
La pénurie de produits Bralima et la flambée des prix de la Primus ont accéléré ce repli vers ces alcools frelatés, souvent produits dans des conditions sanitaires douteuses.
« Ces boissons sont un poison », tranche Prince Bumba Safari, qui appelle à un sursaut des autorités.
Le psychologue plaide pour l’interdiction de ces alcools de fortune et pour une sensibilisation accrue sur leurs dangers.
« Il faut multiplier les campagnes adaptées pour éveiller les consciences. Montrer aux jeunes que ce qu’ils boivent détruit leur santé et leur avenir », insiste-t-il.
Mais dans une région où l’urgence est partout, qui prendra le temps d’écouter cet avertissement ?