Les dépôts bancaires en RDC ont enregistré un léger recul en février 2025 : un essoufflement après une année de forte croissance. Selon les dernières données disponibles, les dépôts de la clientèle se sont établis à 14,695 milliards de dollars, soit une baisse de 0,3 % par rapport au mois précédent. Cette évolution contraste avec la dynamique haussière observée en 2024, où le système bancaire avait enregistré une croissance de 22,4 % de ses dépôts.
La structure des dépôts reste marquée par une nette domination des avoirs en devises étrangères, qui représentent 91 % du total. Toutefois, cette tendance s’accompagne d’une régression des dépôts en devises de 0,7 % en février, alors que les dépôts en monnaie nationale ont progressé de 4,3 %. Cette évolution reflète en partie une revalorisation de l’usage du franc congolais dans certaines transactions financières.
Les entreprises privées et les PME demeurent les principaux acteurs du dépôt bancaire, représentant respectivement 33,8 % et 33,1 % du total. Les ménages, quant à eux, continuent de contribuer à la solidité du système, bien que leur poids dans la structure des dépôts ne soit pas précisé dans les chiffres communiqués.
Si la légère contraction des dépôts interpelle, la baisse plus marquée du volume des crédits alloués par les banques congolaises en janvier 2025 suscite davantage d’interrogations. À 8,374 milliards de dollars, les crédits bruts ont reculé de 1,9 % sur un mois, en raison principalement d’un ralentissement du financement des ménages et des entreprises.
Cette tendance s’observe particulièrement dans les crédits en devises, qui ont chuté de 2,4 %, tandis que ceux en monnaie nationale ont progressé de 3,6 %. L’évolution divergente entre les dépôts et les crédits en monnaie locale souligne une prudence accrue des banques, probablement en raison des incertitudes économiques et monétaires du pays.
Malgré ces ajustements, le marché monétaire reste dynamique. L’appel d’offres lancé par la Banque centrale du Congo (BCC) le 26 février 2025 a suscité une réponse notable des établissements bancaires. Les souscriptions ont atteint 398,1 milliards de francs congolais (CDF) pour les Bons BCC à 7 jours et 115 milliards de CDF pour ceux à 28 jours. Toutefois, ces niveaux restent en deçà des 650 et 250 milliards de CDF fixés comme plafonds par l’institut d’émission.
Ces tendances signalent une possible inflexion du cycle de croissance des dépôts et des crédits bancaires, dans un contexte de réformes et de volatilité économique. L’essor des dépôts en monnaie locale pourrait refléter une confiance accrue dans le franc congolais, mais la baisse des crédits accordés aux entreprises et aux ménages interroge sur la capacité du secteur privé à financer ses investissements.
LUKEKA KALUME