
C’était un jeudi sous haute tension au Palais du peuple. Le 22 mai 2025, dans une salle des Congrès pleine à craquer, les députés nationaux ont reçu le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, pour un exercice démocratique devenu rare : répondre publiquement aux accusations d’arrestations arbitraires, de tracasseries policières et — fait plus troublant encore — de la présence de policiers fictifs.
À l’origine de cette convocation, une question orale avec débat initiée par le député EYANGA MBOYO Venance, choqué par la violence et l’impunité qui gangrènent sa circonscription kinoise. Il n’est pas le seul. Dans les rues de Kinshasa, les citoyens ne savent plus s’ils doivent fuir ou obéir lorsqu’ils croisent un uniforme bleu. Derrière la matraque, l’insigne, il y a parfois… personne. Pas de matricule, pas de salaire, pas de dossier.



Face à la représentation nationale, Jacquemain Shabani a tenté l’équilibre : rassurer sans esquiver. Il reconnaît l’existence de « brebis galeuses » dans les rangs de la Police nationale congolaise (PNC), mais promet des réformes. Le projet de loi en cours d’examen à la Commission Défense et Sécurité, explique-t-il, vise à nettoyer les rangs, identifier les vrais policiers, mettre fin aux abus, renforcer la chaîne de commandement.
La promesse est belle, mais les élus attendent des actes. Plus de quarante d’entre eux sont montés au créneau, élargissant le débat bien au-delà de Kinshasa. À Boma, à Lubumbashi, à Shabunda, dans le Kwango, partout la même rengaine : l’État n’a plus le monopole de la force. Kuluna, Mobondo, conflits coutumiers, braquages… La sécurité intérieure ressemble à une carte postale déchirée.



Pris dans ce feu roulant de questions, Shabani demande un sursis. Quarante-huit heures pour revenir avec des réponses plus précises. Le Parlement lui accorde ce délai. Une sorte de trêve dans un hémicycle devenu ring.
En marge de cette joute verbale, les députés ont également adopté un projet de loi sur le secteur de l’électricité, avec deux nouveaux articles à la clé (4b et 97b). À noter aussi l’annonce par le président Vital Kamerhe de la création de deux commissions spéciales pour se pencher sur le cas Constant Mutamba, visé par un réquisitoire du procureur près la Cour de cassation.
ESPÉRANT DANIEL KAMBULU