Plus de 26 millions de Congolais en danger de faim d’ici 2026 (ONU)

Alors que les conflits s’intensifient dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et que l’aide internationale s’essouffle, les Nations unies tirent la sonnette d’alarme : plus de 26,6 millions de Congolais pourraient souffrir de famine sévère d’ici le début de l’année 2026. Une détérioration rapide de la situation humanitaire, accentuée par la baisse des financements et la persistance des violences.

Selon une analyse conjointe de la FAO et du PAM, publiée jeudi, le nombre de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire sévère devrait passer de 24,8 millions en 2025 à 26,6 millions en 2026, dont près de 4 millions en situation d’urgence. Les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika concentreraient à elles seules près des trois quarts des cas les plus critiques.

Cette alerte intervient au moment où se tenait, à Paris, une conférence internationale destinée à mobiliser de nouveaux financements pour venir en aide à la population congolaise. Mais les chiffres présentés par les agences onusiennes témoignent d’un essoufflement dramatique des ressources.

« Sans ressources et actions urgentes, des millions de vies sont en danger », prévient Cynthia Jones, directrice pays par intérim du Programme alimentaire mondial (PAM).

Face à un déficit de 349 millions de dollars, le PAM a dû réduire drastiquement son aide, passant de 2,3 millions à seulement 600 000 bénéficiaires cette année. De son côté, la FAO n’a pu assister que 217 000 personnes sur les 3,6 millions prévues fin août, faute de financement.

La situation risque de s’aggraver encore : une rupture totale de l’approvisionnement est redoutée dès février 2026, selon le PAM.

Les causes sont multiples. Dans l’est du pays, les affrontements entre l’armée congolaise et le M23, soutenu par le Rwanda, continuent de provoquer des déplacements massifs de population, accentuant la pression sur les terres agricoles et les marchés locaux. Les conséquences économiques nationales, combinées à la flambée des prix des denrées et au manque d’investissements dans le secteur agricole, aggravent encore la vulnérabilité des ménages.

La malnutrition infantile reste également un sujet de préoccupation majeure : 3,2 millions d’enfants souffrent déjà de retard de croissance lié à la sous-nutrition chronique.

« L’aide agricole d’urgence est l’un des moyens les plus rentables pour répondre aux besoins humanitaires », plaide Athman Mravili, représentant par intérim de la FAO en RDC.

Mais faute de moyens, cette aide reste limitée. Sur le terrain, les ONG et les autorités locales alertent déjà sur des signes précoces de famine dans plusieurs zones rurales du Nord-Kivu et du Tanganyika

LUKEKA KALUME 

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