Après les propos du M23 à Goma, le Gouvernement dénonce des “élucubrations” et rappelle les crimes commis dans les zones rebelles

Lors d’un point de presse tenu jeudi 23 octobre à Goma, le mouvement armé AFC/M23 a accusé les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés miliciens wazalendo de « violations répétées du cessez-le-feu » dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces accusations interviennent alors que se poursuivent à Doha, au Qatar, des pourparlers de paix sous médiation qatarie, avec l’appui des États-Unis.

Selon l’AFC/M23, plusieurs de ses positions auraient été bombardées depuis la mi-juillet dans les territoires de Walikale et Masisi (Nord-Kivu) ainsi qu’à Kalehe (Sud-Kivu). Le groupe rebelle cite également l’attaque de l’usine d’extraction d’or de Twangiza, touchée par des bombardements les 17 et 23 octobre.

Le mouvement affirme que ces offensives constituent une entrave aux efforts diplomatiques menés dans le cadre des processus de Doha et de Washington.

« C’est avec de profonds regrets que nous informons la communauté internationale de la violation généralisée du cessez-le-feu sur toutes les lignes de front par le régime de Kinshasa », a déclaré Corneille Naanga Yobeluo, coordonnateur politique du mouvement.

Dans un ton plus ferme, Bertrand Bisimwa, son adjoint, a averti que la rébellion « répondra désormais coup pour coup » à toute attaque, évoquant la possibilité d’un retrait du processus de Doha si les hostilités se poursuivent.

« À compter d’aujourd’hui, nous répondrons coup pour coup aux provocations de Kinshasa afin d’assurer la paix dans les zones sous notre contrôle », a-t-il ajouté.

L’AFC/M23 appelle la médiation qatarie, l’Union africaine, les Nations unies et les partenaires bilatéraux à constater les violations présumées du cessez-le-feu et à « exercer des pressions sur Kinshasa ». Le mouvement affirme maintenir son adhésion à la Déclaration de principes signée à Doha en juillet, tout en dénonçant le « double discours » du gouvernement.

Réagissant depuis Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a qualifié ces accusations d’« élucubrations ».

Il a rappelé que l’AFC/M23 reste, selon le gouvernement, responsable de « massacres, exactions et recrutements forcés » dans les zones qu’elle contrôle.

« Nous savons qui tue à Goma, à Bukavu, qui a massacré à Rutshuru. Nous avons toute une liste de ceux qui sont responsables de cette situation », a affirmé M. Muyaya lors d’un briefing de presse.

Le gouvernement congolais accuse le mouvement, qualifié de « supplétif de l’armée rwandaise », d’être à l’origine de graves violations des droits humains.

Le ministère de l’Intérieur affirme avoir recensé en septembre plus de 270 assassinats et exécutions sommaires, 300 cas de viols et plus de 300 actes de torture dans les territoires de Rutshuru, Walikale et Masisi. Des cas de recrutements forcés et de bombardements d’habitations civiles ont également été signalés entre le 20 septembre et le 2 octobre.

Ces échanges d’accusations surviennent alors que les discussions de Doha, ouvertes en avril 2025, peinent à produire des résultats concrets. Malgré la signature de plusieurs engagements, les affrontements se poursuivent dans l’Est du pays, où la situation humanitaire reste critique.

LUKEKA KALUME 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.