
Un élève d’une école primaire de Bunia a été tué, lundi 20 octobre, par des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans le territoire de Djugu, en Ituri. Selon plusieurs témoins et la société civile locale, l’enfant, parti ramasser des lianes de corde demandées par son école, aurait été pris pour un milicien avant d’être abattu.
Le drame s’est produit près du village de Vu, alors que le jeune élève, habillé en civil à cause de la pluie, portait son uniforme dans une sacoche. « Les militaires l’ont surpris dans la brousse et ont tiré sans vérifier son identité », rapporte un membre de la société civile de Djugu, qui déplore « une confusion entretenue par le climat d’insécurité et la méfiance entre l’armée et la population ».
Dans le même secteur, deux enseignants ont également été arrêtés puis battus par des soldats. Ces derniers leur auraient ordonné de servir de guides dans une opération contre des miliciens de la Convention pour la Révolution du Peuple (CRP), un groupe armé dirigé par Thomas Lubanga. Les enseignants, qui auraient refusé, ont été violentés avant d’être relâchés, selon les mêmes sources.
Cette nouvelle tragédie illustre la persistance d’abus commis par certains militaires dans une région marquée par des années de violences entre groupes armés et forces régulières. Les organisations locales de défense des droits humains alertent sur « une dérive inquiétante », accusant certains soldats d’assimiler systématiquement les civils aux miliciens.
La société civile de Djugu appelle la justice militaire à ouvrir une enquête et à sanctionner les auteurs de ces actes ainsi que leurs supérieurs hiérarchiques.
« Tant que l’impunité persistera, la méfiance restera totale entre les habitants et l’armée », a déclaré un notable local.
L’armée congolaise n’a, pour l’heure, publié aucune réaction officielle. Ce drame rappelle d’autres faits similaires survenus en Ituri, notamment le meurtre d’un jeune footballeur à Ezekere, tué par des soldats en opération, un épisode qui avait déjà provoqué l’indignation de la population.
LUKEKA KALUME