Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a posé ses valises à Kinshasa ce jeudi, dans un contexte tendu marqué par l’escalade de la violence dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Vendredi, il doit rencontrer son homologue congolaise, Thérèse Kayikwamba, pour discuter de la situation sécuritaire, et aussi échanger avec le président Félix Tshisekedi.
Cette visite intervient au moment où la France a vivement dénoncé l’offensive du M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda, qui a récemment pris position à Goma. Cette offensive n’a fait qu’aggraver une crise humanitaire déjà qualifiée de la deuxième plus grave au monde, avec plus de 400 000 personnes déplacées depuis le début de l’année.
Jean-Noël Barrot, en mission diplomatique, doit aussi se rendre à Kigali vendredi après-midi pour s’entretenir avec le ministre rwandais des Affaires étrangères. Mais, avant tout, Paris cherche à renforcer ses efforts pour une médiation dans ce conflit.
Jean-Noël Barrot n’a pas mâché ses mots devant le Sénat français, soulignant que l’attaque du M23 est une atteinte directe à la souveraineté de la RDC. La France a soutenu plusieurs initiatives diplomatiques pour condamner fermement le soutien militaire du Rwanda aux rebelles. Sur la scène internationale, Paris a joué un rôle crucial, en soutenant deux réunions d’urgence au Conseil de sécurité de l’ONU et en poussant l’Union européenne à adopter une position ferme contre l’offensive du M23.
Pour Jean-Noël Barrot, seule une solution politique pourra mettre fin à cette spirale de violences, en soulignant également l’importance d’aborder les causes économiques et minières du conflit. Il mise sur les processus de Luanda et de Nairobi, qui doivent faciliter les négociations entre la RDC, le Rwanda, et les groupes armés.
Cependant, l’approche diplomatique de la France n’est pas sans controverse. Le sénateur français Christophe-André Frassa a exprimé ses doutes sur l’efficacité de cette stratégie. Il a critiqué l’inaction de la communauté internationale face aux responsabilités du Rwanda et de l’Ouganda dans cette crise. Il a aussi attiré l’attention sur le fait que l’UE finance l’armée rwandaise à hauteur de 20 millions d’euros pour ses opérations au Mozambique, sans garanties que cet argent ne soit pas détourné.
Frassa a également souligné un paradoxe : le Rwanda est un grand exportateur de coltan, un minerai stratégique, alors que ce dernier n’existe pas sur son sol. Il a ainsi suggéré que les ressources naturelles de l’Est de la RDC sont systématiquement pillées, sans que la communauté internationale n’intervienne.
« Ce serait l’honneur de la France d’exiger des sanctions contre le Rwanda et l’Ouganda », a lancé Frassa, appelant à une position plus ferme de Paris face à cette situation.
LUKEKA KALUME